TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

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Bulletin de liaison du Programme National de
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EN AGRICULTURE




L'Intégration de la Femme Rurale dans l'Effort de Développement de la Campagne Marocaine
Réalisations et Perspectives de la Vulgarisation Agricole



Introduction
"Pour se garantir toutes les chances de réussite, tout effort de développement, se doit d'associer entièrement les femmes".
Constat universel et réalité inéluctable, cette affirmation s'applique également, et surtout, au développement rural.
A la campagne, les sphères d'activités des femmes s'imbriquent et se chevauchent, au point où il est difficile de faire la part du "productif" et du domestique.
Ces femmes étant à la fois:
(1) Mères de famille, avec toutes les responsabilités qu'engendre cette "fonction".
Responsabilités d'autant plus lourdes que les effets néfastes de la faiblesse, (voire l'absence) des infrastructures de base dans la majorité des localités rurales marocaines, se répercutent davantage sur le travail féminin.
(2) Main d'oeuvre familiale permanente ou occasionnelle, les femmes jouent un rôle vital dans le travail agricole. Certains domaines de ce travail sont, dans des régions, du seul ressort des femmes. C'est le cas, par exemple, de l'élevage, de l'entretien des cultures maraîchères, de la cueillette de certains fruits, et même de la moisson.
(3) Responsables de la sécurité alimentaire de leurs familles, dans le sens où elles ont la charge de toutes les activités de transformation et de stockage des aliments.
(4) Génératrices d'une bonne partie du revenu familial extra-agricole. De part leur activité artisanale, notamment le tissage des habits, des couvertures ou des tapis, ces femmes contribuent au revenu familial, soit directement par le prix de vente de leur produits, soit indirectement par l'économie du prix d'achat des ces produits sur le marché.
Néanmoins, la recherche et l'expérience ont montré que plusieurs approches du développement rural, à travers le monde, n'ont pas réussi à atteindre les femmes rurales.
Le tournant fut marqué par l'avènement de la Conférence Mondiale de la Réforme Agraire et du Développement Rural organisée à Rome en 1979, dont le plan d'action a défini un ensemble de mesures en faveur d'un développement rural durable et équitable avec la participation des population concernées. Plan qui a consacré l'intégration des femmes rurales au développement comme étant l'un des principaux garants de sa réussite.
Au Maroc, et jusqu'au début des années 80, l'intervention du Ministère de l'Agriculture et de la Mise en Valeur Agricole n'était pas trop différente.
A l'aube de l'indépendance, les efforts de développement rural qui étaient focalisés sur les problèmes économiques et les mesures visant à accroître la production agricole, étaient essentiellement conçus pour et dirigés vers les "agriculteurs chefs d'exploitation".
Toutefois, l'expérience accumulée à travers les différents plans et programmes de développement menés par ce ministère, a montré combien les connaissances étendues des femmes rurales et leurs apports sociaux et économiques gagnent à être mis à profit.
Les interventions de la vulgarisation agricole
Aujourd'hui, l'intégration des femmes rurales au développement est devenue l'un des piliers stratégiques de toute intervention du MAMVA.
Cette intégration est conçue à deux niveaux:
(1) Au moment de la planification et de la programmation, en tenant compte  des besoins économiques et du bien-être des femmes et en mettant en évidence leurs rôles dans les activités domestiques, productives et communautaires,
(2) Au moment de la concrétisation de ces programmes sur le terrain; par la mise en place d'un système d'encadrement adéquat.
Le Bureau de la promotion socio-économique de la femme rurale
La coordination, la supervision et la traduction pratique de cette formule d'intégration a été confiée au bureau de la promotion socio-économique de la femme rurale crée en 1984.
Domicilié auprès des services centraux de la vulgarisation agricole, cette structure dispose d'antennes régionales dites "Cellules Régionales d'Animation Féminine" (CRAF).
La mission principale du bureau de la promotion de la femme rurale est l'orientation et la coordination du travail des CRAF.
Son intervention se situe à plusieurs niveaux:
(i) La réalisation d'études et recherches sur la situation de la femme rurale et les caractéristiques démographiques et socio-économiques des ménages en relation avec les activités agricoles et les voies d'amélioration des conditions du bien-être des femmes et des revenus des familles rurales,
(ii) La participation à la programmation et la planification des actions à entreprendre par les CRAF et leur suivi,
(iii) L'identification et l'étude des projets générateurs de revenus au profit des femmes rurales, leur installation et leur suivi,
(iv) La formation et le recyclage des vulgarisatrices des cellules régionales,
(v) La collaboration avec tous les départements  ministériels, ONG, ou tout autre organismes dont les prérogatives intègrent la promotion de la femme rurale.
Les cellules régionales d'animation féminine: les CRAF
Au nombre de 40 (31 DPA et 9 ORMVA), les cellules régionales d'animation féminines se sont vues assignées comme principale prérogative:
L'intégration de la femme dans le processus de développement local agricole et rural.
De ce fait, elles ont la charge de:
(1) Encadrer les femmes rurales par:
L'établissement de programmes d'action qui tout en répondant aux besoins et aux aspirations de ces femmes, s'intègrent dans la politique générale du développement agricole et rural;
La conduite de ces actions sur le terrain.
(2) Inciter les femmes à s'organiser.
Par le biais de groupements et de coopératives, les femmes peuvent accéder plus aisément aux services des différentes entités gouvernementales, ou non, chargées de la promotion de la femme rurale.
(3) Intéresser davantage les femmes à des activités à caractères économique et social.
L'accès à la micro-entreprise, tout en permettant la création de pôles facilitant l'encadrement des femmes, permettent à celles-ci de mieux participer au bien être de leur famille.
Pour remplir cette mission, les cellules régionales de l'animation féminine disposent de 143 vulgarisatrices.
Quelques constats sur les réalisations de la vulgarisation agricole
Pour mieux cerner le contexte de travail, et mieux approcher les méthodes d'intervention et les résultats de ces cellules, la Division de la Vulgarisation Agricole (par le biais du bureau de la promotion de la femme rurale) a entamé, au début de 1997, une étude basée sur une enquête auprès des vulgarisatrices de ces cellules.
Elle avait un triple objectif:
(1) La délimitation des champs d'intervention des CRAF, leurs réalisations et leur méthodologie de travail,
(2) L'étude des principales contraintes posées à leur fonctionnement,
(3) Le dégagement d'axes d'amélioration.
Quelques réalisations des CRAF
Un premier survol des réalisations des cellules régionales d'animation féminine (comparées aux prévisions de leurs programmes d'action), laisse entrevoir  des taux de réalisation pouvant dépasser les 60%.
Les impacts des actions entreprises par les différentes CRAF, sont notables et peuvent être perçues à travers:
(a) Le nombre de groupements fonctionnels instaurés autour de petits projets générateurs de revenus, dans les différentes régions du royaumes et qui embrassent plusieurs domaines:
L'aviculture: 14 groupements
L'apiculture: 15 groupements
La cuniculture: 6 groupements
L'élevage des petits ruminants: 6 groupements.
Les jardins potagers: 3 groupements.
L'artisanat: 7 groupements.
Compte tenu des spécificités de certaines régions, des groupements autour d'autres types d'activités y ont été crées. Il s'agit, notamment des activités liées à la pépinière arboricole, à la conservation des olives, l'extraction du sel de cuisine, et à la poterie.
(b) Le changement notable des attitudes et des comportements des femmes rurales encadrées que ce soit dans les domaines afférents aux techniques agricoles ou au bien-être des familles: santé, hygiène, nutrition.
(c) Il faut également noter l'effet positif des activités génératrices de revenus instaurées par ces CRAF sur le revenu familial et parfois sur le taux de scolarisation des filles.
L'animation féminine c'est l'agricole, mais c'est aussi l'extra-agricole
En plus des activités à caractère agricole, il faut noter la part prise par la structure centrale et les cellules périphériques de la promotion socio-économique de la femme rurale et l'expérience qu'elles ont accumulée dans d'autres domaines: santé, nutrition, hygiène, préservation des ressources naturelles et alphabétisation.
A ce propos, deux expériences pilotes ont été menées par ces structures dont l'une avec la FAO et l'autre avec le FNUAP.
La première avait trait à l'intégration des message relatifs à l'éducation nutritionnelle dans les programmes de la vulgarisation agricole et a touché les zones d'action des DPA d'Azilal, Béni Mellal et l'ORMVA de Tadla.
La deuxième, qui s'est déroulé en deux phases (une phase pilote dans la Wilaya de Meknès et une phase d'extension dans les zones d'action des DPA de Tanger, Settat, Marrakech, Chichaoua, Safi, Fès, Sefrou, Agadir, Tiznit et des ORMVA de Tafilalet, Ouarzazate et Berkane) avait pour objectif: l'intégration de l'Education en Matière de Population (EMP) dans les programmes de vulgarisation. Les messages d'EMP concernaient cinq domaines: La nutrition, l'alphabétisation, la conservation des ressources naturelles, l'hygiène du milieu et la maternité sans risque.
CONCLUSION
En parallèle, les vulgarisatrices au niveau local et le personnel du bureau central, participent aux interventions des autres départements ministériels (Santé, Education Nationale, Affaires Sociales, Jeunesses et Sports, etc...) chaque fois qu'ils ont été sollicités.
L'importance et la pertinence des interventions des structures de l'animation féminine et les taux de réussite des actions entreprises par les CRAF (51 groupements fonctionnels sur les 60 groupements crées par ces cellules) les placent en avant garde des institutions oeuvrant pour la totale intégration des femmes rurales dans le processus du développement.
Toutefois, le renforcement des moyens humains et matériels de  ces structures et la définition d'un cadre plus propice à leur émancipation, aiderait pour beaucoup dans l'amélioration de leurs performances.